INTERVIEW

RENCONTRE AVEC VOLTAIRE

today08/03/2024 225 15

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Déjà venu nous rendre visite sur E-Kwality Radio à plusieurs reprises en DJ set, VOLTAIRE remet le couvert le 16 mars prochain. Il a accepté pour l’occasion de répondre à quelques unes de nos questions et une interview.

L’artiste est doué, l’homme est attachant. Issu d’une nouvelle génération de compositeurs, il se distingue de beaucoup par un refus de la course aux BPM’s, en se concentrant bien davantage sur une electro envoûtante et une techno aérienne, sans pour autant perdre de vue l’esprit du dancefloor.

Il s’est fait connaître en 2019 avec le sublime « I’ll See Again » sorti sur son propre label Aestria, avant que les patrons de COD3 QR, Laurent Garnier et Scan X, ne détectent le potentiel et le talent du bonhomme 1 an plus tard, en reprenant le morceau et en lui ouvrant ensuite régulièrement les portes du label avec plusieurs sorties. Durant l’été 2023, il est appelé par le Kilomètre25 à Paris pour officier sur une résidence de 4 dates et une closing particulièrement remarquée.

Rencontre avec cet artiste pudique, mais pas moins talentueux !

 

 

EKR : Salut Jules ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

V : Hello ! Ici Jules, je suis producteur de musique électronique et DJ sous mon projet Voltaire.
Je vis sur Paris et j’écris une musique qui s’influence principalement de la scène techno de Detroit et de l’électro française.

 

EKR : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux (tous styles confondus) ?

V : Mon plus lointain souvenir musical est la découverte de « Messe pour le temps présent » de Pierre Henry. Enfant, j’étais fasciné par ce CD. C’était les premières musiques électroniques. Forcément, je ne le savais pas. Il utilisait des rythmiques classiques avec des instruments acoustiques, et il les mêlait avec des synthétiseurs. Des effets de synthés avec des rythmes contemporains, et cela sur tout le disque. À ce moment là, j’avais une culture plutôt rock. Je savais comment sonnait une batterie ou une guitare, mais les bruits de synthétiseur, je ne pouvais pas l’expliquer. C’est ça que je trouvais fascinant.

J’ai d’autres souvenir, comme « Porcelain » de Moby, ou encore pas mal de trip-hop comme Massive Attack. Mais le plus lointain reste Pierre Henry et clairement le plus marquant.

 

EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?

V : Daft Punk. Je me suis pris une claque la première fois que j’ai entendu « Homework ».

Je ne connaissais rien à l’Électro. Mes références étaient les Rolling Stones, les Pink Floyd, les Beatles et des choses généralistes.

Daft Punk, ça a vraiment été la première chose que j’ai découverte et écoutée par moi-même. Je crois que le premier morceau que j’ai eu dans mon I-Pod quand j’étais ado était « Around the World ». Mais je ne connaissais pas encore la techno et l’electro. Le track dure 6 ou 7 minutes avec une boucle assez longue, alors que je ne connais à l’époque que le format « radio edit » de 2 à 4 minutes. C’est vraiment à partir de là que j’ai commencé à sculpter mes goûts musicaux.

Ce sont mes premiers pas dans l’électronique. Encore aujourd’hui, je ne me lasse pas de leurs albums. Ma musique est différente de la leur, mais ils ont encore une place majeure dans mes inspirations.

 

 

EKR : Tes premiers pas derrière les platines et les machines, c’était quand et à quelles occasions ?

V : A partir des années 2010, j’écoutais principalement écouter de la musique électronique. J’ai donc commencé par en créer puis, naturellement, j’en suis venu aux platines par la suite en rencontrant d’autres personnes qui m’ont montré comment s’en servir.

Pour ce qui concerne la composition, j’ai découvert ABLETON Live en 2014. Les machines sont arrivées en dernier.  J’ai toujours préféré avoir un set-up numérique, c’est comme cela que je suis le plus efficace. J’ai tout de même quelques synthétiseurs pour compléter mon workflow, mais ils ne sont pas essentiels. J’aime les utiliser quand je n’ai pas d’obligation de résultat derrière.

 

EKR : Tu te produis aussi bien en DJ sets qu’en live acts. En quoi ces 2 types de prestations sont-elles différentes, et en quoi ces exercices t’apparaissent-ils complémentaires ou différentes pour un artiste ?

V: Aujourd’hui, les concepts de Dj et producteur sont étroitement liés. On dit d’ailleurs très souvent DJ/producteur pour les artistes, sans distinguer les 2. Mais je me considère plutôt comme compositeur que DJ. Je préfère laisser la place de DJ à d’autres qui le font mieux que moi. Je sais caler 2 disques entre eux, mais je n’ai pas ce talent de sélection comme certains peuvent l’avoir.

En fait, je suis aussi instinctivement bien plus attiré par la création et la composition de morceaux que par le deejaying. Il y a quelque chose de plus personnel dans la composition. Alors, je sais que cela peut être sujet de débats, car des DJ mixes peuvent l’être aussi. Mais c’est le fait de produire et de créer ma propre musique qui m’attire. Même si j’apprécie beaucoup mixer, j’ai ce besoin de création, et en tant que producteur, je considère le live comme une finalité. Il y a un rapport intime avec le live. On joue sa musique, à sa manière et via son processus créatif pensé en amont.

A contrario, le DJ set permet une plus grande liberté. C’est aussi un travail de création d’une certaine manière, à condition de comprendre son public. Ce sont deux prestations différentes et pourtant encore trop peu distinguées en musique électronique.

 

EKR : On te connait bien pour la qualité de tes morceaux dit « electro ». Et tu dis d’ailleurs te sentir plus proche de l’univers « electro » que de l’univers « techno » ? En quoi ce style t’intéresse plus ?

V :  C’est un feeling. En studio, je ne me donne pas de limite de genre. Mais souvent, lorsque je bloque sur un track électronique, je break la rythmique et l’arrangement devient plus simple. J’aime aussi les sonorités « clichées » de l’electro et les arrangements.

 

 

EKR : Si tu devais résumer ta musique en quelques mots, ça serait quoi ?

V : C’est une musique proche de l’électro / electronica et plutôt orientée sur les mélodies.
Une electro soutenue et romantique.

 

EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution ?

V : Il y a aujourd’hui une très forte cadence de sorties, avec beaucoup de bonnes choses comme de moins bonnes. Les modes vont vite et les styles se mélangent. En tant que DJ, je ne me retrouve pas dans tout. Je reçois beaucoup de tracks-tools. Des morceaux qu’on va jouer car ils rentrent parfaitement dans un set et qui sont souvent très formatés.

Mais en tant que producteur, il y a beaucoup d’inspiration partout. De nouveaux outils aussi. Pour moi, la curiosité est fondamentale dans la création. Je reçois beaucoup de morceaux typés « UK », et je trouve ça très cool ! Parce qu’au-delà de pouvoir les mixer, j’aime aussi les télécharger pour mon écoute ou pour des prestations radio, playlists etc.

Personnellement, j’écoute quand même moins de techno qu’avant. Peut-être parce qu’il n’y en a jamais autant eu. Je vois aussi pas mal de producteurs évoluer vers des choses un peu différentes, notamment la bass music/break.

EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment ?

V : J’ai envie de citer le parisien Canblaster, qui faisait partie du collectif Club Cheval dans les années 2010 et qui sort son album « Liberosis ». Il a toujours eu ce côté un peu geek et ayant plein de projets super intéressants. C’est un univers assez unique très electronica.  Je commence d’ailleurs mon set avec un vieux remix de lui.

Je dirai aussi Nite Fleit et James Shinra.

 

EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set (et de son orientation) que tu nous proposes aujourd’hui ?

V : Ce set regroupe les styles qui ont une influence majeure sur mes productions. Il y a de l’electro, du break, de la techno et des notes plus mélodiques sur la fin. Il y a des titres récents et des moins.
Je profite des podcasts pour jouer de manière plus éclectique.

 

EKR : Un dernier mot ?

V : Merci pour l’invit !

 

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Written by: E-Kwality Radio

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