INTERVIEW

RENCONTRE AVEC ARNO N’JOY (LES ÎLOTS ELECTRONIQUES)

today11/06/2024 82 11

Arrière-plan
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Le 15 juin prochain, on a le plaisir de recevoir sur E-Kwality Radio l’artiste tourangeau ARNO N’JOY, qui est aussi l’un des papas des Îlots Electroniques, collectif qui organise les journées et soirées du même nom à Tours.

Les Îlots fêtent d’ailleurs cette année leur 10 ans. L’occasion était donc belle de poser quelques questions à l’un de ses fondateurs. Avec un filigrane évident: la passion et l’envie intactes !

 

Crédit photo: Maxime Hillairaud.

 

EKR : Salut Arno! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

A : Arnaud, 49 ans, de Tours depuis toujours, DJ depuis toujours (bon ok, depuis que j’ai 16 ans) et passionné de House et Techno. Je fais exprès de ne pas dire « musiques électroniques », car en fait je suis quand même bien bloqué sur ces 2 courants à tendance dancefloor.

 

EKR : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux (tous styles confondus) ?

A : Mes premiers souvenirs de gamins sont vers 10/12 ans. Je passais mes journées à écouter les radios locales de l’époque, et particulièrement les « hits des clubs » où les DJ des boites mixaient les versions maxi des tubes funk, pop et même de variété française. Il me vient tout de suite en tête l’excellente version extended du « Notorious » de Duran Duran ou celle de « Tombé pour la France » de Daho)

 

EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?

A : Ma première claque est surtout liée aux mixes que j’entendais, notamment par RLP sur Skyrock qui faisait déjà ses propres edits. Puis l’énorme tartine dans la gueule dont je me suis jamais remis, c’est lorsque je suis tombé sur l’avant dernier « REVE MAXX » de Laurent Garnier sur MaXXimum, fin d’année 1991. Pour la petite histoire, j’ai eu la chance incroyable de capter la fréquence de Paris de chez moi uniquement la 1ere heure, et j’ai bien sûr tout de suite mis ma meilleure K7 chrome en record. Là déjà les morceaux m’ont retourné, mais aussi je ne comprenais absolument rien au mix, la technique était incroyable ( « go>GO » pour les 2 qui connaissent 🙂 ). D’ailleurs tiens, je me remets la K7 en répondant à l’interview, j’ai toujours les frissons !

 

EKR : Tes premiers pas derrière les platines, c’était quand et à quelles occasions ?

A : Mes premiers pas étaient chez moi, avec 2 platines HIFI donc pas du tout adaptées, et en LIVE c’était dans un tout petit bar de Tours, pure techno : l’Epis-Tête. Au début, il n’y avait même pas de DJ booth, les platines étaient posées sur un rebord, dos au public… Et je suis devenu résident là-bas, où tout a commencé à Tours, et où on est tous devenu potes.

 

Les Îlots Electroniques.

 

EKR : Tu organises depuis désormais 10 ans les Îlots Electroniques à Tours. Comment est né ce projet et comment a-t-il évolué dans le temps ?

A : A la toute base en 2013, c’est Enzo et Thomas, tous les 2 beaucoup plus jeunes que moi, qui  organisaient  chacun des concerts et festivals qui se sont inspirés entre autre des goûtés électroniques à Nantes et qui trouvaient ça cool d’essayer de faire ça à Tours le dimanche. Ils imaginaient ça tous les dimanches d’août sur l’île Simon, en plein coeur de la ville, avec 150/200 personnes (à l’échelle de Tours quoi) , avec une petite sono et Enzo m’a contacté pour que je booke les copains DJ’s que je connaissais. Car eux n’étaient pas du tout dans ce son-là. Pas de chance, on n’a pas eu les autorisations de la mairie donc on a attendu mars 2014 pour vraiment commencer.

Depuis le début, l’idée était vraiment de « démocratiser » la House et la Techno. Et pour ma part c’est vraiment ce qui m’a convaincu car comme toutes les villes de provinces, ça a été vraiment hyper compliqué d’organiser des events « légaux ». L’esprit teuf en famille et surtout gratuit, mais tout en offrant de bons produits au bar (seule source de revenu depuis le début). Ça a toujours été l’ADN du projet.

Evidemment on a très vite été débordé et surtout complètement bluffé par l’engouement des Tourangeaux, c’était fou !!  Il est vrai que les réseaux sociaux nous ont beaucoup aidé. On est tombé au bon moment je pense car il y a eu une vraie émulsion. Et puis il faut aussi reconnaitre que c’est grâce à une sacrée famille de bénévoles que tout ça a pu grandir chaque année, avec aussi 3 personnes qui ont très vite rejoints le CA de l’asso et qui ont chacun beaucoup contribué à l’évolution.

 

EKR : Cette année, les Îlots fêtent leurs 10 ans. Quelles sont les réjouissances que vous prévoyez avec tes acolytes d’ici la fin de l’été ?

A : Pour préparer cette année, il y en a un de l’équipe un soir (un peu tard…) qui a eu la riche idée de dire : « Et si on faisait 10 ans, 10 teufs » ? Et comme on est tous bien tarés et qu’il était un peu tard, on est parti là-dessus tout de suite. Donc depuis février dernier, on se fait un event par mois, ça part d’une soirée full live en petite jauge et mode concert, en passant par le gros festival sur 2 jours pour les 10 ans. On a accueilli cette année : Léa Lisa, Paranoid London, Big Miz, Roni, Alys LF, Mark Broom, Virginia, un certain Madben…

Puis, la saison des open air qui a malheureusement mal commencée car on a dû annuler la première à cause du mauvais temps. Ça ne nous était pas arrivé depuis 2017. Mais heureusement il y en a 3 autres de programmé et on finira l’année par 2 soirées plus techno en nuit en octobre et novembre prochain.

 

EKR : Vous avez réussi à fidéliser un public et à vous forger une vraie identité. C’est quoi le secret pour ne pas juste être une organisation de passage ?

A : Comme je le disais au début, on est super bien tombé car il ne se passait pas grand-chose à Tours quand on a commencé. Je pense que le public a tout de suite compris qu’on était pas là pour faire du business, mais qu’on faisait tout pour offrir de bonnes teufs qui soient gratuites, ou alors au prix le plus bas pour les events de nuit. Il y a aussi eu une communication très franche et à notre image, c’est à dire qu’on a toujours dit ce que l’on pensait, soutenir les causes qui nous tiennent à cœur et tout ça sans filtres. On fait aussi tout pour prendre soin de notre public, qu’il se sente le plus safe possible à chaque moment de la journée ou de la nuit.

Et aussi j’aime à croire qu’il y a un peu la musique et ma programmation qui attirent certaines personnes, même s’il faut se rendre à l’évidence que la plupart s’en cogne 😊.  Mais ils dansent beaucoup, et c’est bien ça le principal en fait.

 

Crédit photo: Maxime Hillairaud.

 

EKR : Si tu devais résumer les Îlots Electroniques en quelques mots, ça serait quoi ?

A : Fête conviviale et engagée avec base techno mais pas kermesse

 

EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution ?

A : Attention ! ça va être le moment vieux con ! Non mais en vrai les évolutions je m’en tape. Moi je défends la bonne vieille Techno à papa et la House, le reste ne m’intéresse pas et tant que notre public et le reste de la team Îlots ne me jettent pas des cailloux avec ce que je programme ou ce que je joue, je resterai motivé.

L’évolution est surtout dans la course aux BPM rapides, mais rien de nouveau en fait. C’était déjà le cas dans les années 90 avec la hard trance et j’en passe. Je reste convaincu que même s’il y a de plus en plus de soirées techno-kermesse avec de mauvaises intentions dans un but uniquement commercial, il y a forcément des gens qui vont s’intéresser au genre, à son histoire, à ses classiques.

Puis il restera toujours des artistes sincères et un public de puristes auquel je tiens beaucoup, car c’est ça qui maintient notre passion intacte (Wooow ! c’est beau ! je sens que mes collègues vont bien se foutre de ma gueule en me lisant…)

 

EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment?

A : Comme d’hab, je n’arriverai jamais à trancher entre House et Techno. Donc, d’un côté j’adore les son de Lis Sarroca ou Tilman, les trucs bien UK comme Kassian, et aussi  Fear-E, Steve Moore, Madben, FJAAK…

 

EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set (et de son orientation) que tu nous proposes pour E-Kwality ?

A : House to Techno. Vu que je reste quand même beaucoup bloqué sur les classiques qui ont bercés ma vie, mais qu’en même temps j’aime bien les trucs actuels qui sonnent vieux, je vais tenter de mélanger tout ça, avec du vinyle pour le oldschool, et du numérique pour l’actuel. Car oui il n’y aura pas de débat ici sur « gnei gnei gnei, le mp3 c’est nul… »  Tant qu’on ne me parle pas de synchro 😊 (Oups !)

 

EKR : Un dernier mot ?

A : Vu qu’avant tout je suis un grand passionné de la radio, je voulais saluer ici l’énorme taff que tu fais avec E-Kwality, car même si l’offre web radio est intense, la qualité est rare et donc bravo pour la programmation ! (NDLR : Ohhh !!! C’est gentil ça !! 😊)

 

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Écrit par: E-Kwality Radio

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