INTERVIEW

Rencontre avec Sébastien Paul

today30/06/2025 50 4

Arrière-plan
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Le 04 juillet prochain à 19h00, nous avons le plaisir de recevoir à nouveau sur E-Kwality notre ancien résident Sébastien Paul, pour un DJ set de 2 heures.

Sébastien fut pendant 2 ans l’un de nos passeurs de bonnes vibes sur nos ondes, avec son émission mensuelle « Embarquement » dans laquelle il nous faisait voyager aussi bien vers le groove de la house, la chaleur de la cumbia que vers l’énergie de la jungle et de la drum & bass (vous pouvez les retrouver sur la page Soundcloud de la radio). Il y avait donc sens à ce qu’il revienne nous rendre visite et qu’il passe lui aussi par notre case « interview », afin de mieux le connaître.

Le « p’tit » revient sur son parcours dans l’univers musical, et nous parle avec sa bonne humeur habituelle de son amour pour la musique électronique depuis les années 90, qui l’a conduit à être jusqu’à encore très récemment régisseur du mythique Rex Club, et à côtoyer pendant près de 12 ans un nombre impressionnant d’artistes plus doué(e)s et réputé(e)s les un(e)s que les autres.

Rencontre donc pleine de chaleur et de moiteur avec Sébastien Paul.

 

Sébastien Paul et le piqué du bâton

 

E-Kwality Radio : Salut Sébastien ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Sébastien Paul : Hello ! Je suis régisseur, responsable d’exploitation, tour manager, DJ, amoureux de musiques en tous genres, de la montagne et de la glisse. Je fais aussi parti de la fédération des petits gourmands.

 

EKR : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux, tous styles confondus ?

SP : Le premier disque que j’ai acheté, c’était « La Bamba » de Richie Valens en 45 tours. Avec mes sous au Prisunic… J’étais vraiment petit (je vous entends rigoler…).

Ensuite, quand mes parents ont estimé que j’avais le droit de me servir de la platine vinyle du salon, je mettais l’album « Hotter Than July » de Stevie Wonder, « Kaya » de Bob Marley…

 

EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?

SP : Ah !!! J’en ai pris des claques ! Les années 90, c’était la folie. Chaque année un nouveau style débarquait.

Lorsque j’étais au collège, Dire Straits a été la porte d’entrée. J’avais pu emprunter tous les albums du groupe à un ami de mes parents et j’ai vraiment pu rentrer dans la musique, l’écoute au casque, etc… Un monde immense est alors apparu : Nirvana, Rage Against The Machine, le hip-hop, qu’il soit US ou français, mais aussi Les Beastie Boys !!! « III Communication ».  Quel album !! Puis il y a eu aussi le trip-hop avec Portishead, Massive Attack.

J’aimais un peu la dance music et puis j’ai découvert Radio Nova en 1993. Ça a tout changé. Je tombe sur une émission de Laurent Garnier qui fait un historique de la musique électronique. J’écoute, j’apprends et je découvre la house. HOUSE MUSIC… Claquasse !! C’est la première fois que j’entends Larry Heard, Marshall Jefferson… Mais c’est ça la teuf, c’est ça la vie ! Il me faut des platines.

Deuxième Claquasse de chez claquasse : Je m’en souviens comme si c’était hier. 1 an après, en allant à vélo au lycée, j’écoute au walkman l’émission de Max sur Fun Radio, enregistrée dans la nuit. Il joue le morceau « Burial » de Leveticus. Je me jette sur mes potes en arrivant en leur disant : « Tu connais la jungle ? Ecoute, c’est de la balle, c’est guedin !! » (je vous entends encore rigoler).

 

Avec Laurent Garnier au Rex Club – crédit photo : David Boschet

 

EKR : Tes premiers pas derrière les platines, c’était quand et à quelles occasions ?

SP : Je pense que c’est en 1997. On squattait l’été chez mon pote Romain au Port du Crouesty. Il bossait au bar de la boite de nuit Le Malvern. C’était une boite généraliste. Le DJ résident, Jean Tech, jouait techno en fin de soirée et – encore merci à lui – m’a laissé jouer ce que je voulais une nuit de 4h à 5h du mat.

J’ai ai gardé le public jusqu’à la fin, en jouant house et techno. C’était trop bon !! Par contre c’était Michel Parkinson pour poser le diamant sur le vinyle…

 

EKR : Si tu devais résumer ta musique en quelques mots, ça serait quoi ?

SP : Chaaaaaaaaaleur ! Non, je rigole, même si le coté tropique est bien présent ! J’adore la cumbia, tout ce qui vient du Brésil mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est la house. Qu’elle soit deep, soulfull, afro, bien rentre-dedans Chicago style ou saccadée à l’anglaise. Un peu de Detroit techno et bien évidemment de la chantilly pour finir : drum n’ bass forever !!

 

Avec DJ Pierre et François K – crédit photo : David Boschet

 

EKR : Tu étais il y a encore peu régisseur du Rex Club, dans lequel tu as officié pendant plus d’une douzaine d’années. Quels sont tes plus beaux souvenirs ?

SP : En douze ans, il y en a eu un paquet !!

Les 25 ans du Rex en 2013 c’était fou, épuisant. 5 semaines à 5 soirées par semaine avec tout le monde. DJ Markie, Body and Soul, DJ Pierre, Extrawelt, Lenny Dee entre autres.

Bien évidemment, toutes les « all night long » de Laurent Garnier pour la musique, cette atmosphère si particulière, bienveillante qu’il y a à chaque fois.

Les soirées « Forever » d’Elisa do Brasil, avec Andy C, Randall, Roni Size par exemple. Tous les gros noms de la drum n’ bass sont venus et l’ambiance était toujours survoltée.

Kerri Chandler pour mes 40 ans : ma femme avait réussi à faire venir tous mes amis, mes parents, en chemise à fleurs (une de mes grandes passion). C’était magnifique.

Une « all night long » de Michael Mayer, avec « Marcia Baïla » des Rita Mitsouko à la fin comme dernier morceau.

Les « Bass Culture » de D’julz : toujours un délice à écouter, des invités de qualité, tout le monde se fait beau et classe pour venir à une Bass Culture. Il y a un effort vestimentaire, une élégance.

Moodymann et Spike Lee dans la cabine du Rex pour une soirée spéciale Prince organisée par RedBull : Moodymann n’a joué que du Prince de 20h00 à minuit. Grand ami de Prince, Spike Lee avait été invité à la dernière minute. Quand on m’a prévenu au talkie, que Spike Lee était dans l’escalier menant dans le club, je n’y ai pas cru tout de suite.

La soirée du documentaire « Off The Record » de Laurent Garnier : j’ai aidé à mon petit niveau et dès le début pour que ce film prenne vie. Cela a pris des années mais le résultat est bel et bien là. Ça fait plaisir.

 

Avec Kerri Chandler – crédit photo : David Boschet

 

St Germain en concert au Grand Rex puis l’after-show au club. C’était un concert plus qu’attendu et j’étais fier de pouvoir inviter mes parents. Ils avaient aimé St Germain quand je leur avais fait découvrir ce pour quoi je travaillais dans les années 90 (NDLR : il travailla pour le label F Communications).

Le symphonique d’Ed Banger au Grand rex puis l’after-show au club. Enorme évènement.

La soirée du lancement du documentaire sur DJ Mehdi : que d’émotions ! Une belle fête en son honneur.

Les « Mamie’s » : J’adore ces mecs. Ils sont tombés dans la même marmite que moi quand ils étaient petits. Celle de la house music. Et trempette dans pleins d’autres !!!.

DJ Tennis avec Ivan Smagghe un dimanche soir : Incroyable ! Une sélection folle. J’ai passé ma nuit à shazamer.

Marcus Worgull un dimanche soir qui a gardé tout le monde de 4h à 7h du mat. Un voyage interstellaire.

Les lives d’Octave One. Ils ont toujours la même énergie, une efficacité clinique. Des sculpteurs de son. Pour ne rien gâcher, Lenny et Lawrence sont vraiment des amours. Big up Brothers.

Les soirées de Chloé pour la sensualité et l’élégance.

Goldie, Special Request et Miley Serious pour mon dernier anniversaire : on a tout de suite sympathisé avec Goldie car nous avons un amour commun pour la Thaïlande. Quand il a pris les platines vers 4h00, il a joué house de Chicago, puis break et là explosion de la salle quand il a commencé à jouer.

J’en oublie forcément… Mais si je ne dois en garder qu’une seule, ce sera la soirée « Legends » de DJ Deep avec Jeff Mills et Laurent Garnier début 2025. Il s’est passé un truc ce soir-là. Un moment magique, une communion encore plus forte que d’habitude.

 

Avec Jeff Mills et Street Machine dans les loges du Rex Club

 

EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution et as-tu vu la scène et le public se métamorphoser durant tes années au Rex ?

SP : Je trouve que les jeunes ont de la chance. Les lieux se sont multipliés en 15 ans à une vitesse folle. Il y en a pour tous les goûts. L’offre est immense maintenant.

En ce qui concerne la musique, la musique électronique devenant mainstream, on a les mêmes dérives que le hip-hop ou le rock. C’est normal mais il reste toujours des chercheurs, des petits artisans qui ne lâchent rien et continue de faire de la bonne musique.

Le public parisien est plus ouvert maintenant. Miley Serious peut faire une soirée un week-end maintenant et remplir la salle avec une musique très breakée, saccadée. Ce n’était pas le cas avant.

 

EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment ?

SP : Kruangbin pour le coté trippy, vacances. Footshooter sur Tru Thoughts, un label qui me rend fou. Mais aussi Laroye ou Inskwel en house, c’est régulièrement la classe.

Thee Sacred Souls : un groupe de soul récent.  Je suis tombé en amour à la première écoute !

J’aime aussi beaucoup la compilation « Super Disco Pirata » sur Analog records. C’est de la cumbia pirate faite au Mexique entre 1965 et 1980. C’est génial !

 

EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set (et de son orientation) que tu nous proposes aujourd’hui ?

SP : C’est tout moi ! Un peu de cumbia au début pour chauffer les genoux, beaucoup de house et un peu de techno enivrante à la fin.

 

EKR : Un dernier mot ?

SP : Beurre ! Parce que le beurre, c’est la vie (NDLR : on valide !).

 

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SOUNDCLOUD SEBASTIEN PAUL

 

Écrit par: E-Kwality Radio

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