INTERVIEW

RENCONTRE AVEC AZERIA

today10/03/2025 200 8

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Vendredi 14 mars à 19h00, on est ravi d’accueillir l’artiste brestois AZERIA sur les ondes d’E-Kwality Radio, pour 2 heures de DJ set.

Issu d’une tradition brestoise, qui marie discrétion avec exigence musicale, voilà plus de 25 ans qu’AZERIA officie sobrement sur la scène de l’Ouest. Proche de la tribu Astropolis, il fait parti de ceux dont la musique électronique a façonné le parcours de vie, au point d’en changer la route et d’en devenir un vecteur essentiel.

Il a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions, pour revenir justement sur son parcours singulier et nous parler de ses projets, de ses coups de coeur éclectiques qui oscillent entre Depeche Mode, Jeff Mills, Abul Mogard ou encore Zaho de Sagazan (et oui!), et de ce que anime sa flamme musicale pleine de bienveillance.

Rencontre donc avec AZERIA.

 

Crédit Photo : Philippine Lescure

 

E-KWALITY RADIO : Salut Fabrice ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

AZERIA : Salut Pedro ! Je m’appelle Fabrice et j’ai 45 ans. Je suis de Brest (une ville que tu connais bien n’est-ce pas ?) et dans la vie je suis technicien son / régisseur, principalement dans la musique mais aussi dans d’autres domaines comme le théâtre et parfois les arts de rue. Mais surtout un passionné de musique depuis mon plus jeune âge.

 

EKR : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux (tous styles confondus) ?

A : Mes premiers souvenirs musicaux remontent à mes 5 ans environ. On écoutait beaucoup la radio ou des cassettes sur la chaine hifi de mon père qu’il s’était offert en 1975. L’ampli était et est toujours un Technics, puisque qu’il tourne toujours dans mon salon aujourd’hui ! On n’avait pas encore inventé l’obsolescence programmée. Mais je me souviens de « Let’s Dance » de Bowie ou « Last Train To London » d’Electric Light Orchestra, et d’autres qui m’ont beaucoup marqué à l’époque.

 

EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?

A : Alors ma première claque musicale, je m’en souviens très très bien, c’est « Thriller » de Michael Jackson !!! J’étais un fan absolu dans ma jeunesse, jusqu’à l’album Dangerous. J’adorais sa musique mais aussi sa danse ! Je n’avais jamais vu/entendu quelque chose de pareil auparavant. Plus tard pendant mes années collège, j’ai beaucoup écouté Depeche Mode que ma grande sœur m’a fait découvrir, surtout l’album « Violator » et le « Live 101 ». Et s’en est suivi la dance music et l’électro par la suite avec des compilations et la radio : Maxximum, M40, Fun Radio et Skyrock.

 

Crédit Photo : Yves Quéré

 

EKR : Tes premiers pas derrière les platines, c’était quand et à quelle occasion ?

A : La première fois que j’ai vraiment compris le travail d’un DJ, c’est en écoutant le « Fact 1 » de Carl Cox. Je connaissais les compils, mais là tous les morceaux étaient enchainés les uns après les autres avec finesse. Et un jour, mon meilleur ami, Tangi, débarque avec un CD qu’il venait d’acheter et il me dit « Ecoute ça, c’est dingue ! ». Et là je me prends ma seconde grosse claque : le « Mix-Up Vol. 2 » de Jeff Mills !!! Ce jour-là, j’ai ressenti la même excitation que le jour où j’ai écouté « Thriller » de Michael Jackson. Surement le côté félin qui anime ces 2 artistes.

Suite à ça, en 1997, j’ai eu envie de m’acheter mes premiers vinyles de techno au magasin Sonic Floor (tenu par l’équipe d’Astropolis) et économiser pour m’offrir une paire de platines. Elles ne m’ont plus jamais quittées depuis. Je trainais de plus en plus dans ce record shop pour acheter des disques mais pas que. C’était aussi et surtout un lieu de rencontres, entre passionné(e)s de la musique électronique, d’une même culture, quel qu’en soit la forme. J’y ai fait de belles rencontres, dont la tienne d’ailleurs 😉

Et ma première fois en public c’était dans un chouette bar qui s’appelait La Cave, à Brest, avec des drag-queens. Beaucoup de nostalgie et d’excellents souvenirs quand je repense à ça.

 

EKR : Tu as fait partie du collectif Night Birds, qui a organisé pas mal de soirées sur Brest. Peux-tu nous en parler un peu ?

A : En 2016 on a fondé le collectif Night Birds avec Eve (ma chérie), et quelques autres : Rudy, Johan et Nishant, puis on a été rejoint par Clara et Gwennou pour organiser les soirées « Supermoon », dans un style acid / deep techno, en faisant venir des artistes comme « Boston 168, Cassegrain, Tin Man, Vril, Neel, Dasha Rush, Sebastian Mullaert, Nthng… C’était entre autres pour développer ce courant deep techno qui n’était pas à l’époque assez représenté sur la scène brestoise.

L’idée était aussi surtout d’avoir une identité marquée par rapport à ce qui était déjà proposé. L’offre était déjà très riche et variée avec Astropolis, suivi aussi de l’asso Minimum. Mais il y avait quelque chose d’intéressant à proposer, modestement, sans refaire ce qui avait déjà été fait.

Plus tard nous avons aussi fait les soirées « Full Speed Women », avec des plateaux exclusivement féminins en collaboration avec l’association CoNNe ActioN, qui étaient pionnières sur ce créneau depuis plus de 15 ans, pour déjà mettre en avant la scène féminine locale et aussi inviter d’autres artistes féminines à partager la scène et les faire découvrir au public brestois.

 

EKR : Comment vois-tu aujourd’hui la scène Brestoise aujourd’hui ?

A : J’aurais dû être électricien mais grâce à Astropolis aujourd’hui (Merci Matthieu et Gildas), j’ai la chance de travailler dans le spectacle et de fils en aiguilles, je me suis retrouvé à bosser avec toute une nouvelle génération de jeunes associations brestoises qui se revendiquent être des enfants d’Astropolis. Et là j’ai dans un premier temps été surpris de voir autant de jeunes actifs, mais j’ai surtout été bluffé par la qualité de ce qu’ils avaient à proposer, en organisation mais aussi la qualité artistique : de découvrir pleins de nouveaux artistes émergents, investis et tellement talentueux !

 

Crédit Photo : Philippine Lescure

 

EKR : Si tu devais résumer ta musique en quelques mots, ça serait quoi ?

A : En quelques mots, je dirais surtout groovy, spontanée, parfois deep et sensuelle, et également profondément impactée par la scène de Detroit mais pas que ! Il fut un temps où on attendait les nouvelles sorties de nos labels favoris. Aujourd’hui, tu peux passer des journées entières à découvrir des nouveaux artistes pour remplir ta tracklist.

 

EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution ?

A : Question très intéressante ! Quand j’ai découvert cette culture, c’était encore marginal et on se battait pour qu’elle devienne reconnue et un peu plus populaire. Je me souviens de rager en entendant des rockeurs dire que ce n’était pas de la musique, car pour eux les machines/ordis faisaient tout à notre place. Sauf qu’aujourd’hui ce sont ces mêmes personnes qui utilisent cette technologie !!! Et enfin ils se sont rendus compte que c’est à la base un instrument qui offre des possibilités infinies, mais qu’il faut apprendre à utiliser et à jouer au même titre qu’une guitare.

Aujourd’hui je suis comblé de voir comment la musique électronique a fait avancer les choses. Je pense forcément a des artistes comme Thom York, dont je suis un grand admirateur : ce gars est l’artiste pop par excellence qui a su faire évoluer sa musique en revendiquant l’utilisation de cette nouvelle technologie. Cette fois-ci pour le meilleur ! Ce qui n’est pas toujours le cas pour d’autres malheureusement 😉

 

EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment ?

A : Dans la pop dernièrement, j’ai bien été chatouillé par « La Symphonie des Eclairs » de Zaho de Sagazan. Super album et j’ai emmené ma fille de 11 ans la voir pour son premier « vrai » concert. Super moment !

Sinon en musique électronique, étant DJ, il y en a beaucoup ! Mais je dirais Kuss, Fadi Mohem, Paul Roux. J’adore l’ambient aussi, donc les dinosaures de Future Sound of London, Abul Mogard. J’aime beaucoup aussi Hania Rani, l’album « Ultra Truth » de Daniel Avery…  Il y en a tellement !!

Je trouve ça chouette d’avoir autant de musique à découvrir et paradoxalement, je n’aime pas le mode de consommation actuel, car on a tué le format « album ». C’est vraiment dommage car pour moi un album, c’est un recueil où l’artiste va mettre toutes ses émotions les plus intimes. Moi, c’est ça que je recherche.

 

Crédit Photo : Yves Quéré

 

EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set (et de son orientation) que tu nous proposes aujourd’hui ?

A : Aujourd’hui je ne joue que très rarement sur vinyles, mais ça m’arrive encore. Je joue sur CDJ depuis un moment, mais je n’en possède toujours pas à la maison. Du coup, j’ai eu une folle envie un soir d’enregistrer un set improvisé après avoir rassemblé une centaine de disques que j’adore de ma collection depuis 1997. Et voici le résultat ! 😉 C’est un one shot : il y a plein d’imperfections mais la vie n’est pas parfaite et tant mieux !!! J’y ai mis mes tripes et j’ai pris beaucoup de plaisir ! C’est forcément « old school », mais au plaisir d’en faire un autre plus actuel prochainement 😊

 

EKR : Un dernier mot ?

A : Un grand merci Pedro ! Je suis très honoré de faire partie de cette série d’interviews (NDLR : l’honneur est pour nous !) et de proposer ma musique hors de la Bretagne profonde. Et je te tire mon chapeau et te dit merci pour ce beau projet qu’est E-Kwality. La passion… et la transmission.  Big up !!!

 

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Écrit par: E-Kwality Radio

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