E-Kwality Radio Electronic Kwality Music
Samedi 23 novembre prochain à 19h00, on reçoit une nouvelle fois avec plaisir MAMZ’HELL pour 2 heures de DJ set, après l’avoir déjà accueilli sur nos ondes il y a presque 2 ans.
On l’a de nouveau sollicitée car, au-delà de son indéniable talent de DJ, la Dame est aussi avant tout une passionnée qui transpire la musique. Voilà bientôt 30 ans qu’elle baigne dedans, presque autant qu’elle mixe. Mais s’il y a bien un dénominateur qui rythme depuis longtemps son parcours, c’est ça: son amour de la musique. Et comme en plus, elle a une oreille certaine, ça donne de très jolies choses aux platines. Avec un parcours qui n’est pas banal, et qui mérite qu’on s’y intéresse quelques minutes.
Rencontre donc avec MAMZ’HELL.
EKR : Salut Solène ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?
MH: Salut E-Kwality Radio ! J’ai 40 ans, je vis en Ariège, au sud de Toulouse, j’ai une petite fille de 4 ans et mes 2 autres métiers sont technicienne lumière dans le spectacle vivant et prof de natation. Je suis originaire de Quimper dans le Finistère, j’ai quitté la Bretagne quand j’avais 17 ans, pour aller m’installer à Paris, pendant 15 ans.
Mais ce qui me définit avant tout, c’est ma passion pour la musique électronique depuis mes 13 ans !
EKR : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux (tous styles confondus) ?
MH : La musique classique et le jazz, en boucle chez mes parents dès mon plus jeune âge. Et rien d’autre ! Je n’ai aucune culture de variété/chanson française, de rock, de pop. Je m’y suis intéressée bien plus tard.
EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?
MH : Mon premier festival, les Eurockéennes de Belfort, en 1997. J’y suis allée avec des potes chez qui j’étais pendant les vacances, sans leur parents, avec obligation de rentrer à minuit. On a loupé le dernier train, on est rentrés à 7h du mat’, on s’est fait pourrir !
Mais ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire. Il y avait tellement de monde, tellement d’artistes différents, des scènes décorées et en lumière comme je n’avais jamais vu auparavant, et le son était tellement puissant, je ressentais les fréquences dans mon corps tout entier. J’ai perdu mes potes pendant la soirée, je me baladais, j’étais bien, et là, une musique que je ne connaissais pas, des danseuses sur scène, des danseurs déchaînés sur le dancefloor.
Je me suis approchée et suis restée pendant tout le set, c’était Laurent Garnier qui mixait. C’était la première fois de ma vie que je me sentais à l’aise pour danser, que mon corps vibrait au son de la musique, que j’avais des frissons de kiffs auditifs. Mon cerveau s’est mis sur off et le temps s’est arrêté. Mon rapport à la musique a changé ce jour là.
EKR : Tes premiers pas derrière les platines, c’était quand et à quelle occasion ?
MH : Je passais mes week’ends entre un club et de multiples free-parties, dès mes 15 ans. Je sais, c’est jeune ! J’avais la chance d’être déjà très grande en taille, et donc de n’avoir aucun mal à rentrer au Calao, ce club mythique proche de Quimper qui ne proposait que des soirées électro, pointues et déjantées. J’ai pu y découvrir tous les artistes de la french touch de la fin des années 90, mais aussi Carl Cox, Richie Hawtin, Derrick May et tellement d’autres artistes qui sont des pointures et des références aujourd’hui. Je dansais sans m’arrêter, jusqu’au bout de la nuit. Je me sentais à ma place, libre d’être moi-même, hors de mon quotidien familial difficile et douloureux.
Je passais beaucoup de temps devant la cabine Dj, à observer ce qu’il faisait, ça m’intriguais beaucoup. J’ai rencontré là-bas des personnes qui me sont chères, encore aujourd’hui, plus âgées que moi, dont un qui avait des platines chez lui. J’ai commencé à acheter mes premiers vinyles vers 17 ans et allait m’entraîner chez cet ami. Je me souviens qu’il me chambrait sur la musique, très house, que j’achetai, il était plutôt branché hardcore ! J’ai pu, enfin, m’acheter mes premières platines Technics à 19 ans, après avoir économisé des mois mes salaires de job en usine. Je me suis entraînée seule chez moi, mais il me manquait quelque-chose, je n’arrivais pas à me concentrer pendant plusieurs heures. Je m’ennuyais rapidement.
Ma solution pour vraiment devenir à l’aise et réussir à raconter des histoires musicales a été de sortir en club tous les week-ends et d’organiser des afters à rallonge chez moi. Je mixais pendant 4, 5, 6, 8 heures d’affilé, avec un public de potes, qui pouvait danser et me critiquer, c’était le rêve. Dès que j’avais un moment, j’allais écouter et acheter des disques chez Techno Import (NDLR: Paris), à 50m de chez moi, parfois même en pyjama !
4 mois plus tard, j’ai eu la chance de mixer devant un public, dans une petite salle dans le 11ème arrondissement de Paris. Pardon, j’ai oublié son nom, même si je me souviens de chaque instant !
EKR : Tu te produis aussi bien en clubs qu’en free-parties, 2 milieux de la musique électronique que l’on a tendance parfois à opposer. Qu’est-ce qui t’attire dans ces 2 courants.
MH : Ce qui m’a toujours attiré dans la Free est ce symbole de la fête libre, libre de dogmes, d’obligations, de barrières, d’espace-temps. L’énergie et la passion déployée dans l’organisation de ses fêtes m’a subjuguée dès le début. Ce mélange des genres, origines, milieu social et professionnel m’a émerveillé et me correspondait ,dans mon rejet de plusieurs des fonctionnements de la société que je ne cautionnait et ne cautionne toujours pas du tout.
Et puis j’étais la seule à l’époque à jouer de la techno minimale en free en région parisienne ! J’aimais être un extraterrestre, j’aimais voir que le dancefloor se remplissait alors que je diffusais de la musique inconnue par la majorité du public. J’aime encore beaucoup aller jouer en free, parce que c’est dehors, les dancefloors sont remplis, l’énergie y est unique.
Ce qui me plaît dans la culture club est la danse, les lieux insolites, les gros systèmes-son, l’ambiance ! Je ne suis jamais sortie au hasard, juste pour sortir. J’avais toujours un objectif, celui d’aller écouter et m’inspirer de tel ou tel artiste.
J’adore jouer devant un public qui danse jusqu’à plus soif, collés-serrés, et surtout ressentir quand les tracks que j’ai choisi ont l’effet que j’attends.
EKR : Tu t’es engagée depuis pas mal d’années dans différents collectifs pour promouvoir la fête libre. Peux-tu nous expliquer les actions que tu peux y mener ?
MH : J’ai pu expérimenter plusieurs actions dans l’organisation d’évènements. De la déco, en passant par le montage technique (lumière, électricité, scène, etc), la gestion des dépenses, l’accueil des participants, la donation, les actions de communication. Finalement, la fête Libre s’organise comme tout autre évènement, avec professionnalisme et passion! Je prends plaisir à toucher à tout et à être là ou les besoins se font sentir.
Et bien sur d’y mixer ! Je crois que je n’ai organisé aucun évènement où je ne mixais pas. C’était ma cerise sur le gâteau et j’aime tellement ça !
EKR : Si tu devais résumer ta musique en quelques mots, ça serait quoi ?
MH : Oulala!! Exercice très difficile !… Groovy, aérienne et lourde, dansante et planante, useuse de baskets ! Enfin, j’espère qu’elle est tout ça, parce que c’est ça que j’aime partager, elle me permet de m’exprimer sur qui je suis, sans mots.
EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution ?
MH : Je me sens perdue, à coté de la plaque et angoissée devant le boulot énorme que représente la visibilité sur les réseaux. Cela me rend triste je crois et j’ai du mal à y trouver ma place. Je sens que la musique s’accélère, que le public est comme en colère et a besoin de musique plus « bête et méchante » qu’avant. J’ai grand espoir de réussir à m’adapter, à continuer de mixer au maximum, car le seul moment ou je me sens complètement moi-même et heureuse, c’est derrière les platines.
Je suis en train de m’associer avec 2 crews Toulousains, orientés club, open air et warehouse. Je suis hyper motivée pour apporter ma petite pierre et renouer avec le clubbing, tant au niveau de l’organisation d’évènements qu’au niveau artistique.
EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment ?
MH : Je suis très attirée par l’Afro-house depuis quelques mois, j’en joue beaucoup dans mes sets de journée. Les derniers artistes qui m’ont marqué dans ce style : Alain Diamond, Aroop Roy, Dauwd, Satir Monter et Nicolas Masseyeff.
En Techno, j’avoue, je ne digue jamais par artiste ou par label. J’écoute tout ce qui sort et j’achète ce qui me donne des frissons ou qui me donne envie de danser.
Les derniers tracks que j’aime sont de : Agent Orange Dj, Len Faki, Drumcomplex ou encore Marck D et Uncertain.
EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set (et de son orientation) que tu nous proposes pour E-Kwality ?
MH : J’ai choisi des tracks assez froids, que je trouve lourds au niveau de la rythmique, et intense dans leurs dynamiques. J’avais envie de raconter une histoire évolutive, péchue, mélancolique et dark à la fois. J’ai pris un énorme plaisir à enregistrer ce set qui m’a fait danser du début jusqu’à la fin.
J’espère qu’il aura le même effet sur les auditeurs !
EKR : Un dernier mot ?
MH : Longue vie à la techno et Rave On ! Et bien-sûr un grand merci de me permettre d’être diffusée sur E-Kwality ! Je sais, cette réponse fait bien plus qu’un mot. Oups !…
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