INTERVIEW

Echanges avec Voltaire sur son premier album « Echoes »

today16/06/2025 130 11

Arrière-plan
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Le 20 juin prochain, l’artiste français VOLTAIRE sort son tout premier album « Echoes » sur le label COD3 QR.

Voltaire est un habitué d’E-Kwality Radio. Non seulement en nous proposant régulièrement des DJ sets ces dernières années, mais aussi avec une grosse partie de sa discographie présente dans notre programmation. Nous l’avions également déjà rencontré dans le cadre d’une interview en mars 2024 (toujours disponible sur notre site).

La sortie de son premier long format était donc une belle occasion de l’actualiser et de parler plus en profondeur de la genèse de cet album, de sa construction et de l’approche artistique de l’artiste, à la fois pudique, élégante et consciencieuse.

Et qui dit interview sur E-Kwality, dit forcément DJ set. Il nous propose donc également en exclusivité un nouveau DJ set sur nos ondes ce jeudi 19 juin à 19h00, veille de la sortie de son opus.

Echanges donc avec Voltaire.

 

Crédit photo : Louise Bruyère

 

E-KWALITY RADIO : Salut Jules ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

VOLTAIRE : Hello ! Ici Jules, je suis producteur de musique électronique et DJ sous mon projet Voltaire.
Je vis sur Paris et j’écris une musique qui s’influence principalement de la scène techno de Detroit et de l’électro française.

 

EKR : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux (tous styles confondus) ?

V : Mon plus lointain souvenir musical est la découverte de « Messe pour le temps présent » de Pierre Henry. Enfant, j’étais fasciné par ce CD. C’était les premières musiques électroniques. Forcément, je ne le savais pas. Il utilisait des rythmiques classiques avec des instruments acoustiques, et il les mêlait avec des synthétiseurs. Des effets de synthés avec des rythmes contemporains, et cela sur tout le disque. À ce moment-là, j’avais une culture plutôt rock. Je savais comment sonnait une batterie ou une guitare, mais les bruits de synthétiseur, je ne pouvais pas l’expliquer. C’est ça que je trouvais fascinant.

J’ai d’autres souvenir, comme « Porcelain » de Moby, ou encore pas mal de trip-hop comme Massive Attack. Mais le plus lointain reste Pierre Henry et clairement le plus marquant.

 

EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?

V : Daft Punk. Je me suis pris une claque la première fois que j’ai entendu « Homework ».

Je ne connaissais rien à l’Électro. Mes références étaient les Rolling Stones, les Pink Floyd, les Beatles et des choses généralistes.

Daft Punk, ça a vraiment été la première chose que j’ai découverte et écoutée par moi-même. Je crois que le premier morceau que j’ai eu dans mon I-Pod quand j’étais ado était « Around the World ». Mais je ne connaissais pas encore la techno et l’electro. Le track dure 6 ou 7 minutes avec une boucle assez longue, alors que je ne connais à l’époque que le format « radio edit » de 2 à 4 minutes. C’est vraiment à partir de là que j’ai commencé à sculpter mes goûts musicaux.

Ce sont mes premiers pas dans l’électronique. Encore aujourd’hui, je ne me lasse pas de leurs albums. Ma musique est différente de la leur, mais ils ont encore une place majeure dans mes inspirations.

 

Crédit photo : Louise Bruyère

 

EKR : Tes premiers pas derrière les platines et les machines, c’était quand et à quelles occasions ?

V : A partir des années 2010, j’écoutais principalement écouter de la musique électronique. J’ai donc commencé par en créer puis, naturellement, j’en suis venu aux platines par la suite en rencontrant d’autres personnes qui m’ont montré comment s’en servir.

Pour ce qui concerne la composition, j’ai découvert ABLETON Live en 2014. Les machines sont arrivées en dernier.  J’ai toujours préféré avoir un set-up numérique, c’est comme cela que je suis le plus efficace. J’ai tout de même quelques synthétiseurs pour compléter mon workflow, mais ils ne sont pas essentiels. J’aime les utiliser quand je n’ai pas d’obligation de résultat derrière.

 

EKR : Tu te produis aussi bien en DJ sets qu’en live acts. En quoi ces 2 types de prestations sont-elles différentes, et en quoi ces exercices t’apparaissent-ils complémentaires ou différentes pour un artiste ?

V: Aujourd’hui, les concepts de Dj et producteur sont étroitement liés. On dit d’ailleurs très souvent DJ/producteur pour les artistes, sans distinguer les 2. Mais je me considère plutôt comme compositeur que DJ. Je préfère laisser la place de DJ à d’autres qui le font mieux que moi. Je sais caler 2 disques entre eux, mais je n’ai pas ce talent de sélection comme certains peuvent l’avoir.

En fait, je suis aussi instinctivement bien plus attiré par la création et la composition de morceaux que par le deejaying. Il y a quelque chose de plus personnel dans la composition. Alors, je sais que cela peut être sujet de débats, car des DJ mixes peuvent l’être aussi. Mais c’est le fait de produire et de créer ma propre musique qui m’attire. Même si j’apprécie beaucoup mixer, j’ai ce besoin de création, et en tant que producteur, je considère le live comme une finalité. Il y a un rapport intime avec le live. On joue sa musique, à sa manière et via son processus créatif pensé en amont.

A contrario, le DJ set permet une plus grande liberté. C’est aussi un travail de création d’une certaine manière, à condition de comprendre son public. Ce sont deux prestations différentes et pourtant encore trop peu distinguées en musique électronique.

 

EKR : On te connait bien pour la qualité de tes morceaux dit « electro ». Et tu dis d’ailleurs te sentir plus proche de l’univers « electro » que de l’univers « techno » ? En quoi ce style t’intéresse plus ?

V :  C’est un feeling. En studio, je ne me donne pas de limite de genre. Mais souvent, lorsque je bloque sur un track électronique, je break la rythmique et l’arrangement devient plus simple. J’aime aussi les sonorités « clichées » de l’electro et les arrangements.

De manière générale, je vise l’éclectisme. J’aime toutes les facettes de la musique électronique et je veux rester ouvert à toutes influences.

 

Cover « Echoes »

 

EKR : Tu sors le 20 juin prochain ton 1er album, « Echoes » sur COD3 QR. Peux-tu nous parler de sa genèse et de sa naissance ?

V : Je pense que tout producteur a un peu ce rêve de long format.

Même si l’envie était présente, je me disais qu’il était encore trop tôt pour un premier album.
C’est un ami qui m’a finalement convaincu de me lancer.

J’avais déjà quelques morceaux depuis plusieurs années que je ne voulais pas proposer aux labels pour des formats courts type EP. Un peu à l’image du dernier morceau « Voltaire (Ending) » qui n’aurait pas trouvé sa place ailleurs que sur cet album.

Le reste de l’album s’est fait petit à petit, avec pas vraiment d’idées préconçues au début. Même si j’avais déjà un peu en tête le thème général et son orientation, je ne voulais pas de limites sur le processus créatif.

Après quelques temps à composer, je me suis retrouvé avec une première maquette de 11 à 12 morceaux. Ça coïncide au moment où Laurent (Garnier) change de direction sur son label COD3 QR.

Je lui parle de ce projet d’album. Il me demande à l’écouter, et ça l’a intéressé.

S’ensuit alors un long échange sur quelques mois au sujet de la tracklist, avec quelques ajustements sur la sélection, l’ordre et les mixes des morceaux, avant de figer la version définitive.

 

EKR : Cet album a une vraie construction et n’est pas qu’une accumulation de morceaux sans trop de logique. Est-ce que cela était essentiel pour toi d’avoir une œuvre cohérente et construite ?

V : Ce qui distingue un album d’une compilation, c’est l’histoire que l’on veut raconter à travers ce format.
Je pense qu’un bon album s’écoute dans l’ordre. C’est ce qui définit l’univers d’un artiste, ses mots, sa vision.

Il était important pour moi qu’il y ait un sens entre mes productions électronica, techno, IDM et voir même instrumentales, et un sens entre chacune de mes influences qui sont Kraftwerk, le label Border Community, ou encore Robert Hood et The Hacker.

 

EKR : Si tu devais résumer ton album en quelques mots, ça serait quoi ?

V : Cet album est une sorte de recueil de mes inspirations, d’où le titre « Echoes ».

Le thème principal c’est le contraste, qui peut être traduit par son éclectisme.

J’ai eu l’envie de réaliser tout du long une sorte de « clair / obscure », avec des morceaux sombres et d’autres plus lumineux.

Le track qui véhicule le mieux cette idée, c’est « Interlude », qui est vraiment construit sur la notion de transition. C’est d’ailleurs à partir de ce moment que l’album va explorer des paysages plus lumineux.

 

Crédit Photo : Alexis Folliot

 

EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution ?

V : Il y a aujourd’hui une très forte cadence de sorties, avec beaucoup de bonnes choses comme de moins bonnes. Les modes vont vite et les styles se mélangent. En tant que DJ, je ne me retrouve pas dans tout. Je reçois beaucoup de tracks-tools. Des morceaux qu’on va jouer car ils rentrent parfaitement dans un set et qui sont souvent très formatés.

Mais en tant que producteur, il y a beaucoup d’inspiration partout. De nouveaux outils aussi. Pour moi, la curiosité est fondamentale dans la création. Je reçois beaucoup de morceaux typés « UK », et je trouve ça très cool ! Parce qu’au-delà de pouvoir les mixer, j’aime aussi les télécharger pour mon écoute ou pour des prestations radio, playlists etc.

Personnellement, j’écoute quand même moins de techno qu’avant. Peut-être parce qu’il n’y en a jamais autant eu. Je vois aussi pas mal de producteurs évoluer vers des choses un peu différentes, notamment la bass music/break.

 

EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment ?

V : En ce moment j’ai envie de citer Deetron, le nouveau projet d’Endrik Schroeder & The Hacker et – pas un artiste mais – le label Rekids, tenu par Radio Slave, qui propose des sorties super intéressantes.

 

EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set que tu nous proposes ce jeudi 19 juin sur E-Kwality Radio ?

V : Un set crescendo, avec de la house, techno, une pointe d’électronica mais surtout beaucoup de kif !!

 

EKR : Un dernier mot ?

V : Merci pour l’invit !

 

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Écrit par: E-Kwality Radio

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