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Si vous suivez régulièrement E-Kwality Radio, le nom de TIONEB ne vous est pas inconnu… Nous l’avons déjà reçu à plusieurs reprises en DJ set, dans lesquels s’expriment sa dextérité technique et des choix artistiques affirmés.
Originaire de Toulouse, voilà plus de 25 ans qu’il balade ses disques et vinyles pour prêcher la bonne parole électronique, avec un fort penchant pour une techno minimaliste mais racée, à l’image d’un Jeff Mills ou d’un Ben Klock. Capable de mixer parfaitement avec 3 platines vinyles, afin de faire ressurgir le côté mental de ses disques et gonflés leur groove, il nous propose le 28 septembre prochain un DJ set de 2 heures clairement dans cette esprit entêtant, appelant à la rave et à faire chalouper les hanches d’un troupeau de zébus au fin fond de la savane.
Dans cette interview, il nous parle de sa ville, de son attachement à la vie nocturne toulousaine et de son goût très affirmé pour une techno martiale mais gavée de groove qui a fait les plus belles heures des années 90, et qui retrouvent petit à petit sa place dans la vie des clubs. Rencontre donc avec Tioneb !
Tioneb
E-KWALITY RADIO : Salut Benoît ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Tioneb : Je m’appelle Benoît, j’ai 42 ans et j’écoute de la musique électronique depuis mes 8 ans ! Depuis, cette musique est toujours restée ma passion, mais ce n’est pas mon métier. Cela ne m’empêche pas de jouer régulièrement derrière les platines.
EKR : Te souviens-tu de ta première « claque » musicale ?
Tioneb : C’est dur de choisir. Comme je le disais, vers mes 8 ans mon premier contact c’était du Kraftwerk, et quelques mois plus tard du Reese et du Joey Beltram. Mais à cet âge-là, je ne me rendais pas compte ce que ces noms ou cette musique représentaient. Ma vraie « claque » c’est, comme pour beaucoup de gens de mon âge, le « Mix-Up vol. 2 » de Jeff Mills au Liquid Room. C’est toujours resté une influence pour moi jusqu’à aujourd’hui.
EKR : Tes premiers pas derrière les platines, c’était quand et à quelle occasion ?
Tioneb : C’était sur une radio locale près de chez mes parents dans la région de Toulouse, en 1997. D’ailleurs cette émission existe toujours et fêtera ses 30 ans l’an prochain.
EKR : Tu fais parti de la scène toulousaine depuis plus de 20 ans. Quelles sont ses particularismes et comment tu la définirais aujourd’hui ?
Tioneb : Déjà, c’est une scène ou la Drum and Bass et le Hardcore n’ont jamais cessé d’être présents au travers d’évènements, d’orgas et de DJ’s de qualité. Concernant la house et la techno, il y a vraiment eu des hauts et des bas en 20 ans, surtout faute de lieux fédérateurs de taille petite ou moyenne en centre-ville. Mais depuis 10 ans les choses ont beaucoup changé : il y a eu beaucoup de nouveaux collectifs, des lieux comme le Cri de la Mouette ou le Rex sont maintenant des valeurs sûres. Il y en a pour tous les goûts, et je trouve que tout ce monde cohabite bien et se respecte, alors qu’il y a tous types de tailles de soirées et de musique (de la bande de potes aux grosses organisations).
EKR : Tu fais parti du Flash Crew qui organise régulièrement des soirées et afters sur Toulouse ? Peux-tu nous parler un peu de ce projet ?
Tioneb : On a créé ce collectif en 2015 avec l’idée de pouvoir faire la fête alors que nous venions, pour la majorité d’entre nous, d’être papas (c’était donc la fin de nos apéros mix avec le son à fond dans nos apparts). Rapidement, on s’est fixé au Cri de la Mouette. Il n’y avait pas de direction musicale particulière, entre house et techno, mais notre leitmotiv c’était de passer la musique qui a influencé notre jeunesse. On a donc booké des gens comme Damon Wild, Funk D’Void ou Jack de Marseille. Mais aussi des gens comme Dan Shake ou Cinthie qui font partie de la scène actuelle. On a gardé cette image « old school », même si on passe notre temps à « digger » et jouer des nouvelles trouvailles. Aujourd’hui, on navigue vers d’autres lieux, mais un de nos membres, Brock Landers, continue les soirées au Cri sous la bannière de son record shop « Jim’s Prophecy ».
Les afters ont juste été la continuité de nos soirées, mais on les avait démarrées avant la création du collectif. On est donc pas les orgas de ces afters, mais des DJ’s occasionnels. Mais c’est une belle histoire entre nous et ce lieu, « L’autre » qui est une institution et qui fêtera en novembre ses 14 ans. Vous pourrez m’y retrouver le week-end juste avant mon anniversaire en octobre. C’est à cet endroit que j’ai pris goût aux sets longs (6-7 h en moyenne) et dans lequel j’ai fait mon set le plus long (10h en B2B avec Laurent Maldo).
Flash Crew / Toulouse
EKR : Si tu devais résumer ta musique en quelques mots, ça serait quoi ?
Tioneb : De la techno mentale et groovy. Mais tout cela au milieu d’un spectre musical beaucoup plus large dès que cela s’y prête.
EKR : La musique et la scène électroniques ont beaucoup changé ces dernières années. Quel regard portes-tu sur leur évolution ?
Tioneb : C’est juste les goûts du public qui changent. On a l’âge de nos parents quand, il y a 25 ans, on disait d’eux qu’ils ne comprenaient rien à la musique qu’on écoutait. La musique n’a jamais été « bloquée » sur quelque chose de particulier. Elle bouge constamment, au gré des modes : que cela nous plaise ou non les jeunes feront toujours la fête, et sur différents courants musicaux, plus ou moins proches de nos goûts. A chacun ensuite de dire ce qu’il aime ou moins.
Il faut donc accepter que nos héros d’antan ont pour certains évolué vers du commerce à la Tomorrowland, et d’autres sont restés dans l’underground où c’est plus la galère. Mais quand tu prends ce que font des gens comme Electric Rescue ou Kmyle (je cite volontairement des connaissances en commun) on voit bien qu’il ne faut pas caricaturer la musique actuelle au revival de l’eurodance et à Adam Beyer en jet privé.
EKR : Quel(le)s sont les artistes qui te chatouillent joliment les oreilles en ce moment ?
Tioneb : J’allais en parler. Il n’y a jamais eu autant de bonnes choses qui sortent dans la techno que j’affectionne. En DJ, sans conteste Marrøn que je suis depuis quelques temps et qui est train de se forger un nom de plus en plus solide. J’aime aussi beaucoup Deniro que j’avais booké en 2017 et qui depuis est bien dans la place. En producteurs, Rene Wise, Alarico ou, en un peu plus dark, Orbe et Lidvall, sont les noms qui reviennent souvent à mes oreilles en ce moment. Et sur une note plus groovy Tal Fussman fait des trucs très sympa quand il s’agit de jouer plus « club ».
EKR : Peux-tu nous parler un peu du DJ set (et de son orientation) que tu nous proposes pour E-Kwality ?
Tioneb : J’ai choisi de mettre tous ces artistes et tracks récents que j’affectionne pour une session très mentale. Il n’y a pas beaucoup de soirées sur Toulouse où le public est réceptif à cela, alors j’en profite ici. J’ai aussi glissé quelques classiques qui je trouve se mélangeaient très bien dans l’ensemble. Mais j’ai dû faire un sacrifice : abandonner mes vinyles que j’aime tant pour des CDJ, il n’y a que comme cela que l’on peut jouer toutes ces nouvelles choses. Paradoxalement ça rend le mix plus « propre » mais j’avoue préférer quand c’est plus bordellique, c’est ce côté Jeff Mills qui m’influence encore…
EKR : Un dernier mot ?
T : Et bien tout simplement merci pour cet échange et longue vie à E-Kwality Radio !
Écrit par: E-Kwality Radio
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