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E-Kwality Radio Electronic Kwality Music
Il y a quelques jours, je suis allé trémousser mes petites fesses de danseur au Kilomètre25 pour aller écouter Richie Hawtin. Et cela a été une très très belle claque ! Du coup, ça m’a donné envie de vous parler de cet artiste majeur de la scène techno. Déjà, parce que la scène techno serait bien différente s’il n’avait pas été là (et sans doute moins intéressante). Et aussi parce que ce Monsieur a forgé ma propre histoire et qu’il m’a mis quelques énormes tartines et belles « morniffles » musicales (cf Zak Brannigan). Je vais donc vous raconter comment je perçois Richie Hawtin et son parcours hors norme: une histoire très personnelle de ce cador par E-KWALITY RADIO.
Richie Hawtin
Ce Canadien originaire de Grande-Bretagne mais ayant grandi à quelques encablures de Détroit – USA, se fait connaître à la toute fin des années 80, en gravitant autour des pionniers techno du Michigan. Proche d’Underground Resistance, il fonde assez vite au début des années 90 le label Plus 8, sur lequel sortent certaines de ses propres productions, mais aussi celles de Joey Beltram ou Speedy J, et qui vont devenir des hymnes raves en Europe durant la décennie. Me concernant, je ne le découvre qu’assez tardivement, fin des années 90. J’avais déjà entendu parlé de lui depuis quelques temps par des copains, pour ses talents de producteur et de DJ, mais je n’avais pas forcément pu poser une oreille sur son travail, ou alors sans le savoir.
Je chope un jour alors ce fameux CD avec un DJ set du Monsieur chez un disquaire à Brest, quelques jours après sa sortie. J’étais alors encore un jeune clubbeur et raveur, qui commencait depuis 3 ou 4 ans à devenir assez sérieusement passionné de musique, mais encore en pleine construction de ma culture musicale. Je ne savais pas encore très bien qui était ce artiste. Je fini donc par acheter ce disque qui porte le nom de « Decks, EFX & 909 » mixed by Richie Hawtin. On est en novembre 1999. Je rentre chez moi, je le pose dans le lecteur CD de mon petit studio d’étudiant de l’époque. Je me souviens encore que j’ai branché directement mon casque sur ma chaîne HI-FI, parce que je voulais l’écouter fort sans faire chier mes voisins. Grand bien m’en a pris!! Dès les premières minutes, j’ai commencé à ne plus trop savoir où j’étais: le mec joue des trucs ultra entêtants, gavés d’effets, super minimalistes, mais avec un groove de fou!! Je danse dans ma chambre d’étudiant comme un dingue!! Je ne comprends rien, mais je trouve ça sacrément génial !!! J’adoooore!!!! A l’époque, cela ne fait que quelques temps que je me suis mis à mixer, et je ne comprends clairement pas encore tout aux subtilités de l’art du deejaying. Et je comprends encore moins bien ce set. Le Monsieur joue avec 3 platines vinyles, un multi-effets et une boîte à rythmes TR-909. Une sacré performance technique! (Ce que je ne comprendrais que plus tard). Sur le moment, je m’en fout! Je trouve ce set absolument démentiel !!! Je le fais écouter à mes potes dans les jours qui suivent, qui y adhérent aussi assez vite!
« Decks, EFX & 909 » – DJ set sorti en 1999.
Printemps 2000: le festival Astropolis, que je fréquente alors déjà depuis 2 ou 3 ans, annonce la clôture de son édition pour le mois d’août suivant, avec une soirée dans le gros club breton Le Calao un dimanche soir avec, entre autres, Jeff Mills et… Richie Hawtin! Là, je me dis: « je n’ai pas le droit de rater ça! » Évidemment, on avait été la veille avec les copains au Château de Keriolet pour ce qui sera la dernière édition d’Astropolis dans cet endroit magique. Arrive donc le dimanche : on est fatigué de la veille (on a peu dormi… d’ailleurs avons-nous vraiment dormi?…). Peu importe! Ce dimanche soir, on veut le faire. Le line-up est juste extraordinaire !! Le warm-up est assuré (si je me souviens bien) par Thomas Brinkmann. Et derrière, c’est Richie Hawtin pendant 2 heures… Papa Richie prend le contrôle du DJ booth. Et ça part complètement dans l’esprit de ce CD mixé que j’avais acheté quelques mois auparavant et que j’écoutais désormais en boucle! Le set démarre et au bout de quelques minutes, je ne comprends plus rien, encore. Les ravers se font retourner ! Ca suinte du plafond!! Mais en fait, il pleut de la condensation ??!!… Le public est fou!!! Ça donne juste envie de danser comme un dingue, ça te déboussole le cerveau tellement la musique est belle et bien mixée !! Tu t’abandonnes totalement dans la trance. Un truc où tu te dis: » Mais c’était quoi ce truc de malaaaade??? » J’ai juste envie que ça dure éternellement. Ça te fait perdre pieds, tu oublies presque qui tu es et où tu es, juste par la force du son et le côté totalement psychédélique de la musique, et le talent de l’artiste au sommet de son art ! S’en suivront ensuite 2 heures de set par Jeff Mills au meilleur de sa forme, lui aussi.
Parlez-en à ces Bretons qui y étaient: tous vous diront avec des yeux plein d’étoiles que cette nuit était totalement dingue !!! Ils en ont encore le cœur qui palpite de bonheur, rien qu’en mentionnant le nom de cette fameuse et si belle soirée. Quelques autres parlent encore aujourd’hui d’une autre soirée dans un club perdu à Guidel dans le Morbihan 1 ou 2 ans avant, où le Sieur Hawtin aurait fait un set encore plus démoniaque. Je n’y étais pas, je les laisse vous en parler. Bref, depuis ce jour-là, je me suis dit: mais Richie Hawtin, c’est Dieu le Père en fait !! (avec quelques autres).
Logo Plastikman.
Je me suis ensuite beaucoup intéressé à son travail. J’ai découvert quelques mois plus tard son fameux album « Consumed » sorti en 1998 sous sous pseudo Plastikman. A l’époque, il n’y avait pas encore internet et on ne tombait pas à la seconde près sur les sorties de disques, comme cela est le cas aujourd’hui. L’accès aux disques et aux sorties était bien plus compliqué. Il n’y avait pas de numérique encore. Mais j’arrive avec un peu de difficulté à trouver et à acheter cet album dont on m’avait un peu parlé. « Consumed »… Album de 10 morceaux sorti sous un autre des fameux pseudos de l’artiste et dévoilant une autre de ses facettes: Plastikman. Pas un DJ set, pas une création faite pour danser, mais plutôt une œuvre totalement introspective et déstabilisante, voire malaisante, parce que terriblement sombre, mais d’une beauté subjuguante. Un disque qu’il faut écouter du track 1 au track 10, dans l’ordre du CD, gavé de silences et de sons en sourdines, et hallucinant de profondeurs obsessionnelles et de noirceur sublime !!! Encore aujourd’hui, je le considère comme un des plus beaux albums de musique que je connaisse. Ecouter Richie Hawtin, c’est ça: une claque assurée comme il y en a peu ! Parce que l’artiste est génial: il casse les codes, a un talent inné pour faire danser en club ou pour vous faire rentrer en introspection totale en solo, que vous soyez seul chez vous ou entouré de 1500 personnes en club. Et ça, ce n’est quand même pas donné à tout le monde !
« Consumed » – album sorti sous le pseudo Plastikman en 1998.
Même si parfois, depuis toutes ces années, il m’a parfois un peu perdu dans certains de ses choix artistiques, Richie Hawtin reste tout de même un artiste hors norme, visionnaire et ultra avant-gardiste, essentiel à la techno et plus globalement à la musique électronique. Et toujours cette patte très minimaliste qui en fait son originalité singulière. Je pourrais aussi vous citer comme œuvres essentiels du bonhomme le superbe album « Closer » sous le pseudo Plastikman, son DJ set « DE9 » sous Richie Hawtin, qui est une suite logique du « Decks EFX & 909 », la fantastique compilation « Sheet One » qui regroupe certains de ses premiers maxis sous le nom Plastikman, ainsi que l’album « EX ». Sans oublier ses productions sous son alias F.U.S.E. … Et j’en passe ! Je vous laisse chercher. Je ne vais pas non plus tout vous dévoiler, hein?!
En tout cas, il m’a bien rappelé au Kilomètre25 il y a quelques jours pourquoi je le suis toujours avec autant d’attention. Et pourquoi il faut clairement continuer de le suivre et y prêter une oreille attentive.
Merci Monsieur!!
Pedro Datana pour E-Kwality Radio
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